Lily Haime
Milady
Attention, ce roman s'adresse à un public averti.
J'ai découvert ce livre il y a quelques mois à peine. Je l'ai lu trois fois d'un bout à l'autre, et je ne compte plus le nombre de fois où je reviens à mes innombrables post-it pour ne lire que quelques passages que j'aime particulièrement.
J'aime beaucoup dire que c'est une sorte de livre doudou, l'équivalent de ce que les anglophones appellent comfort book, parce que j'adore le lire quand ça ne va pas trop fort.
« Déteste-moi. Hais-moi.
Mais je t'en supplie, ne m'accorde pas ton pardon.
Jamais je n'en serai digne. »
De quoi ça parle ?
Tout au long du roman, on suit Gabriel, jeune américain d'origine vénézuélienne au passé assez lourd, notamment parce qu'il a fait un séjour à Red Wing, centre correctionnel pour jeunes délinquants, après avoir grièvement blessé Vicky, un garçon de son lycée, en le poussant dans un escalier. Rongé par la culpabilité, il ne se passe pas un jour, ni pendant les trois ans passés à Red Wing ni au cours des quatre années suivantes, sans qu'il écrive à ce garçon des lettres qu'il ne lui envoie jamais.
La colère qu'il a en lui, il l'évacue dans des combats clandestins (ce qui explique la couverture) et des relations sans lendemain (ce que je suis bien contente de ne pas voir sur la couverture).
Je suis obligée de dévoiler un petit bout de l'intrigue qui paraît relativement évident quand même, sinon il n'y aurait pas d'histoire : il va se passer un truc entre Gabriel et Vicky. Un truc qui me fait vraiment craquer, alors que la romance n'est normalement pas mon genre de prédilection.
« Qui étais-je face à lui ?
Une rose noire qui avait poussé sur une terre baignée de sang. Des épines acérées, des pétales obscurs, une corolle qui s’épanouissait dans la pénombre.
Une silhouette éclairée par quelques lueurs le temps d’un combat.
Un enragé qui avait besoin de hurler tout ce qu’il portait en lui. »
Pourquoi je l'aime tellement ?
Les personnages, déjà !
Gabriel, plein de rage, incapable d'accepter la part de douceur qu'il a en lui parce qu'il ne veut montrer aucune faiblesse, incapable non plus d'admettre qu'il a toujours regardé Vicky différemment.
Vicky, parlons-en ! J'aime tout ce qu'il dégage, ses nuances, ses contradictions. Je l'aime, c'est comme ça, et j'espère réussir à vous le faire aimer bientôt.
Ce qui est encore mieux, c'est qu'ils sont entourés de personnages secondaires incroyablement vivants et attachants (pour la plupart).
Crystel, la grande sœur de Gabriel qui l'a élevé comme une mère, est un véritable modèle d'amour et de tendresse, qui a toujours fait de son mieux pour le tenir loin des ennuis – en vain. Et pourtant, elle ne renonce jamais, elle veut voir le bien en lui. J'adore Crystel.
J'adore aussi Warren, le garagiste chez qui travaille Gabriel depuis sa réinsertion. Il tente de le dissuader de se lancer dans les combats, mais comme il ne parvient pas à le faire changer d'avis, il devient son entraîneur. A sa façon, il l'empêche de se faire tuer.
Tout autour gravitent le mari et les enfants de Crystel, les collègues de Gabriel, son meilleur ami Darius… tout un tas de gens cabossés, mal assortis, qui forment pourtant un petit quelque chose qui ressemble à une famille.
Il y a aussi toutes ces choses que je ne peux pas dire, parce que ce serait un spoiler inacceptable. Des choses qui, pourtant, sont extrêmement importantes, qui me déchirent à chaque lecture mais qui font aussi que ce livre a définitivement conquis mon cœur.
« Je t’aime comme un éclat de colère, comme une lueur de fureur.
Comme l’ombre d’une douceur à laquelle il fait bon de se couler de temps en temps.
Je t’aime avec incertitude, avec espoir. »
Les points positifs
- La relation de Gabriel et Vicky
- La complexité des personnages
- Le subtil mélange de violence et de douceur
Les points négatifs
- Le besoin compulsif de le lire et le relire, ça compte ?
Ma note :
5/5, évidemment !