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Fantastic Books

And Why We Love Them

  • Photo du rédacteurEsis Wilkes

Esis et l'Inkwriter 2020


L'inkwriter est un petit défi d'écriture proposé par acatinthelibrary sur Instagram. Chaque jour, un nouveau thème/mot est proposé.

Voici ce que j'ai écrit pendant tout ce mois d'octobre. Ce fut une expérience vraiment chouette ! J'espère que ça vous plaira!


NB: cette histoire a été écrite au jour le jour, en "jardinier", sans prévision (à l'exception peut-être d'un détail ou deux). Il y a donc des incohérences, que je n'ai pas corrigées, afin de respecter le challenge.





Feuille:

Cassandre est assise dans le fauteuil de la bibliothèque de sa mère. Un plaid aux couleurs sombres recouvre ses épaules et ses genoux. Entre ses mains, elle tient un épais livre à la couverture en cuir et aux pages lourdes d’encre noire.

Ses boucles rousses encadrent son visage, caché derrière de grandes lunettes rondes aux montures fines. Ses yeux bruns parcourent les textes sans s’arrêter. Ils se plissent un peu lorsque les pages ne sont éclairées que par la lueur dansante d’une bougie.

Au dehors, il fait nuit noire. Les étoiles brillent. Les rayons de la demi-lune se perdent dans les feuilles dorées des arbres du jardin de la maison.

Les heures passent. Le balancier de la vieille horloge rythme le temps.

Cassandre ferme son livre au petit matin. Plongée dans son histoire, elle n’a pas vu le temps passer. Elle tourne la tête vers la grande fenêtre pour regarder dehors.

Ses iris chocolat glissent sur les arbres. Un peu de vent secoue les branches et fait tomber quelques feuilles brunes. Cassandre passe une main sur ses yeux et baille. Elle sourit avec tendresse.

- Bonjour octobre.


Soir:

Cassandre a passé toute sa journée à somnoler et à bailler. Mais ça en valait la peine. Elle a dévoré son livre, éclairée par la faible lueur de sa bougie blanche. Ses cheveux, ramassés en un chignon haut, elle s’est enroulée dans son écharpe et son plaid écossais. Un thé fume sur sa table de chevet et embaume l’air de son parfum sucré et épicé. Cassandre a choisi sa tasse préférée. Blanche avec des arabesques orangées.

La jeune femme s’est de nouveau plongée dans un livre. Une histoire de fantômes cette fois. De temps à autre, elle lâche le livre pour attraper un cookie au caramel, le porter à ses lèvres et croquer dedans.

Cassandre ne lâche son livre et ses rêveries qu’une fois le soir venu. Le ciel a pris des teintes inquiétantes.

Ravie, Cassandre enfile une robe corsetée grise aux manches longues. En tirant sur les rubans noirs de son corset, elle grimace. Il est difficile à fermer. Elle a donc grossi depuis la dernière fois qu’elle l’a mis… Tant pis. Elle lui rajoutera une pièce de tissu. En attendant, elle le portera un peu plus ouvert.

Elle attrape son sac et le passe en bandoulière. La serpe ? Ok. La dague ? Ok. Son livre ? Ok.

Cassandre lâche ses cheveux en passant le pas de la porte qui se ferme seule derrière elle. Elle s’enfonce dans les bois alors que la nuit tombe sur elle.

Brouillard:

La jeune femme éclaire ses pas avec une petite lanterne. La lueur vacillante de la flamme fait ressortir quelques ombres étranges. Cassandre n’a pas peur, au contraire. Elle salue les ombres avec un sourire chaleureux. Elle s’arrête et s’accroupit pour observer un champignon au chapeau blanc et au pied bleu. Elle pose la lanterne sur le sol, enfile une paire de gants en cuir vieilli par les années, et attrape le pied du champignon. Elle sort sa petite serpe en cuivre et la plante dans la terre pour déloger le champignon. Il ne lui faut que quelques secondes pour qu’elle réussisse cette tâche aisée. Elle fourre le champignon dans son sac en toile, range sa petite serpe et se redresse en emportant la lanterne avec elle. Elle reprend sa route sur le petit sentier du bois.

Cassandre marche une bonne demi-heure, s’arrêtant de temps à autre pour cueillir un champignon. Un parfum amer-sucré vient lui chatouiller le nez. Elle s’arrête net et remet en place ses lunettes. Un brouillard ambré serpente entre les racines et les champignons. Cassandre serre les mâchoires, saisi sa serpe et avance vers le brouillard. Son cœur bat vivement. Elle l’a attendue si longtemps. Les pas de Cassandre accélèrent, s’enfonçant dans la terre humide et le brouillard. Elle se met à courir jusqu’à atteindre la petite clairière au milieu de l’immense forêt.

Théière:

Au beau milieu de la petite clairière, éclairée par la lune, posée sur un piédestal en bois et pierre, se tient une grosse théière en porcelaine blanche. Des arabesques peintes à la main en rouge et bleu s’enroulent autour du récipient. Son anse est sculptée et donne une impression de légèreté. De son bec fin et délicat s’échappe le brouillard qui a guidé les pas de Cassandre.

La jeune femme s’approche, sa jupe volant autour de ses mollets. Elle saisi sa petite serpe et se baisse pour mieux voir la théière. Elle retire ses gants de cuir et tend les doigts. Sa peau pâle touche la porcelaine froide de l’objet, provoquant un changement de couleur du brouillard qui devient bleu. Cassandre retire ses doigts et les pose de nouveau. La brume reste bleue.

- C’est bien toi.. ?, souffle la jeune femme.

Elle pose son sac sur le sol et l’ouvre en grand. Elle fait un peu de place et installe la théière parmi les champignons. L’objet de porcelaine est léger, heureusement. Cassandre ferme son sac duquel s’échappe un peu de fumée bleue.

- Du calme, déclare la voix douce de la jeune femme.

Elle se relève et fait volte-face avant de se rendre compte que la clairière a changé.

Promenade:

Les lèvres de Cassandre forment une moue surprise. Elle n’avait pas prévu ça. Elle remet ses gants et saisi sa serpe. Ses yeux bruns sont très mobiles, à l’affût du moindre mouvement.

Ses doigts se crispent sur le manche de la serpe, créant un son de cuir qui se tire. Elle soupire et s’élance vers la forêt. Tant pis si ça n’est pas la bonne direction. Il faut qu’elle sorte de là ! Dans la précipitation, elle en oublie sa lanterne.

Cassandre entre dans les bois et s’éloigne de la clairière à toute allure, en slalomant entre les arbres. Elle ne s’arrête qu’après quelques minutes de course effrénée. Essoufflée, elle prend appui contre un gros arbre nu. Sa respiration siffle un peu, ses boucles s’agitant au même rythme que ses côtes. Il faut qu’elle fasse un peu de sport pour travailler son endurance.

Son souffle repris, elle lève le regard et plisse les yeux. Ses pieds reposent sur un chemin qui semble souvent emprunté pour des promenades. Elle est donc bien loin de chez elle.

Son sac ne fume plus. Elle l’ouvre et constate que la théière est en parfait état. Mais elle est devenue blanche.

Bougie:

Cassandre pince les lèvres. Elle a du sacrément la contrarier pour en arriver là. La jeune femme passe le bout de ses doigts gantés sur la théière et referme son sac. Elle avance sur le chemin de promenade, aidée par la lumière de la lune, mais ça n’est pas suffisant pour bien voir. Elle aurait du penser à ramasser sa lanterne en partant de la clairière.

Cassandre aperçoit, au loin, de petites lueurs qui flottent dans les ténèbres de la forêt. Elle accélère le pas. Aucun doute, il s’agit de la Ville. Sa maison est à deux heures de marche de là, ce qui est étrange puisqu’elle n’a traversé les bois que pendant trente minutes avant d’arriver à la clairière. Cette remarque en tête, Cassandre continue sa marche et sort de la forêt.

Ses pas résonnent sur les pavés gris de la Ville et leur son va s’échouer sur les murs en briques grises. Bien qu’elle se soit éloignée pour vivre, Cassandre aime cet endroit froid. Elle avance dans les rues désertes, à la recherche d’une auberge ouverte. Elle n’en voit qu’une, dont l’enseigne est éclairée par la faible lueur d’une bougie posée sur le rebord de la fenêtre.

Cassandre entre et s’avance vers la jolie aubergiste brune. Cette dernière détaille longuement la nouvelle venue, surprise par son accoutrement.

- Une chambre s’il vous plait.

- Deux pièces…

Les deux pièces d’or payées, Cassandre monte à l’étage et découvre une chambre poussiéreuse et en léger désordre. Ca fera l’affaire.

Film :

Cassandre remet un peu d’ordre dans la pièce afin de passer une nuit plus agréable. Elle fait ensuite craquer ses doigts et étire ses bras tout en se tournant vers le lit. Elle grimace en découvrant un mince film de poussière sur la couverture. Si elle peut tolérer le désordre, elle a plus de mal avec la crasse et la poussière.

Un air blasé sur le visage, elle attrape la couette et la secoue par la fenêtre. Elle bloque son souffle pour ne pas respirer la poussière. La jeune femme remet la couverture sur le lit et s’y assied, face à la fenêtre restée ouverte.

Cassandre se plonge dans l’observation des étoiles, rêveuse. Comme elle aimerait pouvoir s’en approcher, découvrir ces autres mondes qui brillent dans la nuit noire. Elle les regarde longuement avant d’attraper son sac et d’en sortir la théière blanche. Les rayons de la lune la rendent encore plus éclatante, plus brillante. Un fin sourire étire les lèvres de Cassandre. Elle est un peu perplexe mais elle est certaine que cette théière est la clé qu’elle cherche depuis tous ces mois. Elle la range, précieusement, et ferme solidement sa besace.

La jeune femme se glisse sous les draps, en tenant fermement son sac contre elle. Bercée par le souffle du vent et les premières gouttes de pluie, elle s’endort.


Pomme :

La nuit fut agitée. Des cris de peur ont résonné dans l’auberge. Quelques rires sinistres également. Mais Cassandre, elle, n’a ouvert les yeux qu’au petit matin. Les cheveux dans tous les sens, elle est assise au bar de l’auberge, un café noir fumant posé devant elle. Elle croque dans une grosse poire, tout en tentant de se réveiller. Cassandre n’est vraiment pas du matin.

La jeune aubergiste est accoudée au bar et joue avec son pendentif en forme de pomme rouge. Son regard clair détaille la cliente rousse et à moitié endormie.

- Vous n’avez rien entendu de suspect cette nuit ?

- Non. Pourquoi ?

- Des clients se sont plaint de « fantômes ».

- Des fantômes.. ? Borf, j’ai l’habitude.

L’aubergiste hausse un sourcil. Ses lèvres s’étirent en un sourire étrange. Elle est satisfaite de la réponse de sa cliente.

- Appelez-moi Kat.

Cassandre écarquille les yeux, se brûle avec une gorgée de café et se présente à son tour. La dénommée Kat lui adresse un clin d’œil, lui provoquant un rougissement, et ajoute :

- N’hésitez pas à repasser. Je pense que nous avons beaucoup à nous dire.


Chat :

Cassandre quitte l’auberge, avec un large sourire aux lèvres. La dénommée Kat l’a invitée à revenir la dernière nuit d’octobre. Parait-il qu’il se passe des choses intéressantes.

La jeune femme plisse les yeux derrière ses larges verres. Le ciel couvert par les nuages blancs est presque aveuglant. Elle papillonne des yeux, étouffe un bâillement et avance vers la forêt. Il lui tarde de retrouver sa maison.

Les bois sont sombres malgré l’heure. Il y a, toutefois, une étrange présence que Cassandre ressent. Elle reste sur ses gardes, les doigts crispés autour de la anse de son sac à champignons. Son oreille se tend quand un craquement se fait entendre derrière elle. Elle fait volte-face, prête à bondir pour se défendre. Mais c’est un chat qui se tient face à elle. Son poil long s’agite au gré de la petite brise.

Cassandre retrouve alors son sourire et s’approche du chat qui, lui, s’assoit sans la quitter des yeux. Elle tend la main et lui caresse la tête. Son poil est si doux que l’humaine en ronronnerait presque. Elle remarque son collier à pommes.

Elle se relève pour reprendre sa route. Le chat la suit, lui emboîtant le pas.

- Si tu es sûr de toi, très bien, déclare l’humaine au chat dont le ronronnement ressemble à un vieux moteur.


Tempête :

Cassandre avance dans les bois, le pas suivi de celui du chat. Elle apprécie cette compagnie silencieuse à qui elle raconte tout et rien.

Au fur et à mesure de ses pas, elle réalise que la forêt est bien différente de celle qu’elle connaît. Elle sent que quelque chose a changé. Est-ce la théière... ?

Un sifflement s’élève de son sac. Le chat couche ses oreilles en arrière, irrité par ce bruit strident. Le vent se lève et gonfle la robe et les boucles de Cassandre. Il se fait très violent.

Sans hésiter, la jeune femme attrape le chat sous son bras libre et court, sans savoir où la portent ses jambes. Au-dessus de la forêt, l’orage tonne, la pluie bat. La tempête fait rage, déchaînée contre Cassandre et son chat qui trouvent refuge dans une petite grotte peu profonde. L’humaine et le félin s’installent au fond de la cavité rocheuse, abrités du vent et de la pluie.

Elle essore son écharpe, sa robe et ses cheveux. Le chat feule contre la pluie et tente une toilette. La jeune femme soupire. Si elle avait su que sa petite cueillette se passerait ainsi… Elle saisi sa serpe et passe le doigt sur le dos de la lame. Une douce chaleur envahi la petite grotte. Cassandre range son outil et en profite pour effleurer la porcelaine blanche.

- Je suis désolée, murmure-t-elle. Je n’aurais peut-être pas du te déranger…

Le chat miaule et feule en fixant la théière.


Rouge :

La tempête ne se calme qu’après quelques heures. Le chat s’est endormi, roulé en boule sur les genoux de la jeune femme. Elle a légèrement élevé la température, en utilisant de nouveau sa serpe. La tête contre la roche, elle somnole.

Le visage de sa mère lui apparaît en rêve, déformé par une expression de dégoût, de honte et de jugement. Cassandre a beau fuir, elle court trop lentement. Elle a l’impression de courir, enfoncée dans le sable jusqu’à mi-cuisses. Le visage la poursuit, où qu’elle aille. Elle tente de hurler, mais aucun son ne sort de ses lèvres. Le chat est perché sur un arbre et se jette sur elle, toutes griffes dehors.

Cassandre se réveille en sursaut. Le chat vole à travers la petite grotte, terrifié par ce sursaut si soudain. Il feule, se calme, et revient près de l’humaine qui se remet difficilement de ses émotions. Elle triture son écharpe rouge et l’enroule bien serrée autour de son cou. Elle a la gorge nouée. Si sa mère lui en veut réellement, elle ignore comment arranger les choses.

Au dehors, la tempête est apaisée et a laissé la place à un ciel rougit. Les nuages violacés glissent sur le léger vent.

Cassandre se relève, reprend son sac et quitte la grotte. Le chat la suit toujours. Il s’engouffre dans un buisson et en ressort avec un mulot entre les dents. Cassandre lui adresse un sourire teinté d’amertume. Elle aussi a faim.

- Bon appétit, Chat.


Nuage :

Dès que Chat termine son repas, Cassandre se remet en marche. Sa serpe en main, elle est sur ses gardes. Ses pas la guident jusqu’à un nouveau petit village. Malgré la nuit tombée et la lune cachée par les nuages, la jeune femme reconnaît le port. Son cœur bat à vive allure. Peut-être y trouvera-t-elle sa tante. Elle s’avance vers le ponton et scrute au loin. Pas l’ombre d’un vaisseau pirate. Elle pince les lèvres, déçue. Elle aurait aimé la voir, obtenir un peu de réconfort. La jeune femme vit seule depuis trop longtemps déjà.

Des feulements s’élèvent un peu plus loin. Chat s’attire des problèmes avec le chat « patron » du port. Cassandre l’appelle ; elle ne tient pas à le retrouver en lambeaux. Le félin se rapproche donc, les oreilles en arrière, vexé.

Ils tournent dans le port jusqu’à la tombée de la nuit, illuminée par les étoiles. Cassandre pousse la porte d’une auberge portuaire, affamée et épuisée. Elle commande une assiette de légumes.

Une femme, probablement un peu plus âgée qu’elle, en pantalon et corset, se rapproche d’elle.

- Tu sembles perdue, ma jolie.

- Un peu, répond Cassandre en plantant sa fourchette dans une carotte.

- Si tu veux, il y a une place de libre sur mon navire… Pour cette nuit, dit l’inconnue en adressant un clin d’œil au sous-entendu évident à Cassandre.

- C’est gentil. Mais non merci.

L’inconnue hausse les épaules et les sourcils.

- Dommage. Bonne soirée quand même.

Cassandre la remercie d’un signe de tête et termine son assiette.


Café :

La jeune femme paie l’assiette de légumes et une chambre pour la nuit. Le lendemain, elle repart directement, en ne prenant qu’un peu de pain et une pomme pour le petit déjeuner.

Cassandre se plante à l’orée de la forêt, bras croisés, et regarde les arbres comme un parent fixe ses enfants lorsqu’ils font une bêtise.

- Tu vas me laisser rentrer chez moi, oui.. ?

Pour toute réponse, un grand vent la repousse en arrière.

La gorge nouée, Cassandre ouvre son sac et en sort la théière pour mieux l’observer, espérant y trouver un indice. Rien. Seule une théière blanche et parfaitement lisse.

- S’il te plait… murmure la jeune femme dont le désespoir se fait grandissant. Une nouvelle bouffée d’air lui emmêle les cheveux et vient y déposer des feuilles brunies par la saison.

Elle soupire et fait demi-tour. Elle finira bien par trouver une solution en ville… Ses pas la mènent à un grand bâtiment aux tuiles couleur café. Une bibliothèque. Les yeux bruns de la jeune femme se mettent à briller d’espoir. Elle rentre, suivie par Chat.

La bibliothécaire l’accueille en hochant simplement la tête avant de retourner à ses fiches jaunies. Sans attendre, Cassandre file vers la section Sorcellerie.


Amis :

Cassandre n’est pas une grande sorcière, mais elle s’en sort comme elle peut. Elle sait déjà que le rayon consacré à son art comportera des ouvrages anti-sorcières. Mais peut-être y trouvera-t-elle une légende pour l’aider ? Elle espère y trouver celle de la théière.

Elle étudie les différents titres et sorts un recueil de nouvelles et légendes. La jeune femme s’installe dans un fauteuil et lit, en silence, Chat sur ses genoux.

Les heures passent.

Rien n’a pu l’aider.

Cassandre quitte la bibliothèque, les épaules basses, Chat sur ses talons. Elle va s’asseoir au bord du ponton de bois et regarde au loin. La brise légère lui ébouriffe les cheveux, les embruns mouillent ses jambes, l’air salé lui chatouille les narines. Au loin, elle entend deux amies converser, deux amants se déclarer l’un à l’autre, quelques enfants qui jouent. La vie autour d’elle continue, alors qu’elle se retrouve coincée là, seul avec un chat, des champignons et une théière. Le félin vient frotter sa tête contre le bras de l’humaine. Elle lui caresse la tête, mélancolique.

A l’horizon se dessine un navire, un beau clipper aux voiles grises. Cassandre redresse le nez et plisse les yeux. Cette coque bleue…

Il ne fait aucun doute que sa tante arrive en ville. Elle retrouve le sourire et se relève, soulevant Chat de terre.

- On va pouvoir rentrer !

Il se passe deux bonnes heures avant qu’une grande femme aux cheveux courts pose le pied sur le ponton en remettant son tricorne en place d’un geste désinvolte de la main.


Forêt :

Cassandre se précipite vers la pirate. Ses cheveux et sa robe virevoltent au rythme de sa course. Sa tante la dévisage un long moment, le temps de remettre un nom sur ce visage familier. Elle lui adresse ensuite un sourire franc, plein de bienveillance.

- Il y a bien longtemps que nous nous sommes vues, chère nièce.

Sans plus attendre, Cassandre se jette dans ses bras, en échappant une exclamation de bonheur et de soulagement.

- Ma tante ! Si vous saviez comme vous m’avez manquée !

Cassandre suit sa parente jusqu’au marché du port, tout en lui contant ses mésaventures dans la forêt, la théière, le chat… La pirate vole quelques fruits, donne une pièce à un mendiant et retourne vers le ponton d’où elle vient.

- Ta poterie a perdu ses couleurs, c’est ça ? Redonne-les-lui. Ta mère disait toujours qu’il faut remettre les choses à l’endroit et dans l’état où on les a trouvées. Ça nous a valu de nombreuses disputes, si tu savais… Hmpf… D’ailleurs, où est-elle.. ?

Face au silence de sa nièce, la pirate grimace. Elle se tourne vivement vers le large et son navire.

- Je reste dans les parages quelques jours encore. Tu sais quoi faire si tu as besoin.


Pluie :

Cassandre reste sur le ponton, ne quittant pas des yeux la petite embarcation en bois qui s’éloigne. Elle a refusé de monter sur ce navire, ayant bien trop le mal de mer, et la peur de ne jamais vouloir revenir.

Au-dessus d’elle, les nuages gris tonnent. Cassandre souffle un peu, en direction du ciel. La pluie tombe alors, douce, chantant sur la surface salée de la mer.

La jeune sorcière attrape son chat et fait rapidement le trajet jusqu’à la bibliothèque. Trempée, elle laisse derrière elle de petites flaques d’eau, permettant de la suivre à la trace. Chat ressemble à un tas de poil détrempés. Les oreilles couchées, il semble grognon et vexé.

Cassandre reprend les lèvres de sorcellerie et cherche tous les chapitres possibles à propos de la peinture.

Elle y reste quelques heures encore avant de choisir un ouvrage sur les propriétés magiques des dessins et de la peinture. Elle se dirige vers la bibliothécaire qui note son nom sur la fiche du livre. Elle la dévisage ensuite :

- Vous comptez faire quoi, avec ce livre.. ?

Cassandre est un peu déstabilisée. Elle gonfle les joues et répond en ne mentant qu’à moitié :

- Oh euh, quelques recherches. Juste comme ça…

Elle ne laisse pas le temps à la femme de réagir, attrape le livre et déguerpit.

Livre :

Cassandre retourne à l’auberge, son ouvrage fourré dans son sac, entre les champignons et la théière. Elle paie de nouveau une chambre, en espérant que ce soit la dernière fois.

La jeune femme s’installe dans le lit et glisse ses pieds sous la couverture. Chat se roule en boule sur l’autre oreiller. Elle se plonge dans sa lecture. Seul le bruit des pages qui se tournent résonne dans la pièce. Au dehors, la pluie est trop fine pour émettre le moindre son.

Plus elle avance dans son livre, plus Cassandre grimace. Ca ne sera pas une mince affaire. Il n’y a vraiment pas assez d’éléments pour résoudre son problème.

Elle lance un regard à son sac, duquel dépasse le bec de la théière. Ce bec blanc a quelque chose d’hypnotisant. Le regard cacaoté de Cassandre s’accroche à la noirceur qui se terre au fond de l’objet de porcelaine et ne se laisse apercevoir que par sa gueule béante. La sorcière a une sensation de picotements dans les doigts et les pieds. Elle se sent comme… aspirée…

Un feulement traverse l’air, à la vitesse d’une boule de poils ambrés qui se jette sur la théière.

Cassandre sursaute et recule vivement dans le lit. Elle baisse les yeux vers ses mains, devenues aussi blanches que la théière. Chat se bat avec l’objet de porcelaine, la renverse et bondit sur le lit, feulant vers son ennemi inanimé.


Orange :

De la théière renversée s’échappe une fumée rouge et bleue. Des arabesques semblables aux dessins qui l’ornaient s’élèvent dans les airs. Chat gronde et crache.

Cassandre s’avance, à la recherche de sa serpe. Les arabesques fumeuses s’enroulent autour d’elle et viennent emprisonner sa tête dans une prison de brume colorée, la privant d’air respirable.

Cassandre reprend conscience quelques heures plus tard. Elle n’est plus à l’auberge. D’ailleurs, elle ne reconnaît pas cet endroit. La panique s’empare d’elle alors qu’elle tourne sur elle-même, cherchant quelque chose de connu pour se rassurer. En vain.

Peu à peu elle remarque être au beau milieu d’un salon de thé aux couleurs brunes d’une bonne tasse de thé vanille. Il n’y a personne autour d’elle. Cassandre renifle. Cette solitude la terrifie. Elle tremble de tout son corps, triture ses boucles défaites et emmêlées.

Pourquoi n’y-a-t-il personne ? Pourquoi sent-elle sa poitrine se dissoudre comme un carré de sucre au fond d’une tasse de thé brûlant ?

Elle laisse échapper un sanglot et cache son visage de ses mains. Quelqu’un touche son épaule. Cassandre bondit et plante son regard dans deux iris orange.

- Maman ?!


Cosy :

Cassandre a du mal à réaliser que sa mère se tient face à elle. Elle prend sa fille dans ses bras. La jeune sorcière fond en larmes, blottie contre la présence si rassurante de celle qui a disparu depuis si longtemps.

- Je suis fière de toi, murmure la voix étouffée et maternelle.

Ces petits mots ont pour effet de redoubler l’intensité des pleurs de Cassandre. Elles restent toutes les deux ainsi, rassurées par la présence de l’une et de l’autre.

Après cet instant presque cosy, la mère et la fille se lâchent.

- Quel est cet endroit ? interroge Cassandre, inquiète.

- Tu te rappelles cette histoire de théière maudite que je te racontais quand tu étais petite ? Nous y voilà.

- Mais, ça n’était qu’une légende… souffle Cassandre qui a bien du mal à réaliser que cette théière qu’elle trimballe est bel et bien celle des histoires qui se racontent.

Elle mesure l’idiotie de sa remarque, confuse, perdue, mais surtout épuisée.

- Nous devons unir nos forces pour sortir de là. J’ai essayé, mais je ne suis pas assez puissante.

- Je… Je suis trop faible, maman.

- Tu es bien plus forte que tu ne le penses.

Cassandre, peu convaincue, tord ses lèvres en une moue inquiète.

Magie :

- Tu sais, Maman, je… enfin sans catalyseur, je ne peux rien faire…

La mère de Cassandre baisse le regard vers sa fille, pensive. Elle croit en elle, elle est convaincue que tout se passera bien. Elle le dit à haute voix, avec un ton très doux. Cassandre grimace un peu, se mord la joue. Sa mère relève la tête et désigne une grosse tâche noire qui flotte, haut dans les airs.

- Tu vois, ça ? C’est le bec. Concentre ta magie vers ce point.

Toutes deux font face à la gueule béante de la théière. La mère ferme les yeux, alors que la fille, bien trop nerveuse, tremblote et ce, malgré la présence rassurante à ses côtés.

Elle inspire longuement, puis souffle avant de clore enfin ses paupières. Son corps fourmille de petits picotements. Une sensation d’un point appuie sur ses cervicales, comme si sa propre magie allait sortir par sa gorge après lui avoir traversé toute la nuque. Sa poitrine irradie de chaleur, un rayonnement réconfortant et apaisant. Les doutes de Cassandre s’effacent, tout comme toutes ses pensées. Son esprit s’échappe de son corps, le soulevant dans un petit sursaut.

Plus rien.


Thé :

Chat feule en direction de la théière qui a absorbé son amie. Il grogne et gronde, le poil hérissé. L’animal triple de volume alors que la porcelaine vibre sur le plancher de la chambre. Il plonge sous le lit, miaulant de terreur. Une forte odeur de thé s’élève dans la pièce. Le parfum est fort, embaumant. Un bruit de vague qui meurt sur le sable chaud parvient aux oreilles du félin. Ses pupilles dilatées comme des trous noirs se posent sur quatre pieds, dégoulinant d’une eau légèrement ambrée. Il rechigne à sortir de sa cachette, ne reconnaissant pas les pieds de Cassandre.

L’humaine frissonne et éternue. Elle titube et tombe assise sur le parquet. L’autre paire de pieds bouge juste le temps pour son propriétaire de s’asseoir sur le lit.

Un éclat de rire rompt le silence pesant. Cassandre lève les yeux vers sa mère. Cette dernière s’est allongée sur le lit, les pieds touchant toujours le sol. Elle rit aux éclats, emplissant l’air de sa joie.

Le visage de Cassandre se détend. Ses yeux chocolat brillent et laissent échapper quelques larmes de soulagement.

- On a réussi, maman.

- TU as réussi !

Cassandre, trempée de thé, se hisse sur le lit et vient se lover contre sa mère.


Citrouille :

Cassandre frotte son poing contre ses paupières fermées. La lumière émanant de la fenêtre en ce petit matin la réveille. La douceur du soleil d’octobre l’enveloppe chaleureusement. Elle se redresse, les cheveux dans tous les sens, les traits tirés par la fatigue. Chat est roulé en boule, contre elle. Aucune trace de sa mère.

Cassandre laisse échapper une plainte de désespoir. L’aurait-elle abandonnée ? Ou alors elle a tout simplement rêvé cette soirée dans la théière…

La porcelaine trône sur la table en bois de la chambre, bec vers le mur. Cassandre remarque qu’un bout de papier est posé à côté de la porcelaine. Elle se glisse hors du lit en frissonnant. L’air de la chambre, pas encore chauffé par le soleil, court sur son corps nu. La sorcière tire la couverture pour s’y enrouler, réveillant le chat. La laine irrite un peu sa peau laiteuse.

Cassandre s’avance vers la table, saisi le petit morceau de papier et lit

« Ma chérie, je suis désolée de devoir te laisser de nouveau. J’ai une course à faire qui me prendra un peu de temps. Pour peindre la théière, utilise de la citrouille avec des fleurs. Tu peux le faire. Je crois en toi. »

Cassandre soupire un peu, soulagée par ce précieux conseil, mais inquiète par l’absence de sa mère. Elle enfile sa robe grise en serrant bien le corset.

- Allons chercher une jolie citrouille…


Famille :

Cassandre remet de l’ordre dans ses cheveux, pensive. L’image renvoyée par le miroir aux bords cassés de la chambre est celle d’une jeune femme épuisée. Elle fixe les cernes de ce double du miroir, espérant avoir bientôt la possibilité de rentrer.

Une citrouille et des fleurs, donc… Très bien. Cassandre se mord la joue, un peu agacée. Pourquoi sa mère ne l’a-t-elle pas aidée ? Du moins, un peu plus qu’avec un petit mot laissé sur une table ?

Ca a toujours été ainsi dans cette famille. Tout le monde dans son coin. Sa mère en vadrouille, sa tante sur les mers et elle dans la forêt, ou dans son fauteuil à lire. Pourtant, l’amour entre elles trois est indéniable.

Une fois prête, Cassandre quitte l’auberge, sa théière sous le bras, dans son sac, Chat sur les talons. Le félin est tout ébouriffé et semble de mauvais poil. La jeune femme apprécie le léger vent sur ses joues rebondies. Ses cheveux domptés en un chignon haut ne pourront plus aller à leur guise, au gré du vent. Elle avance d’un pas déterminé vers la boutique de la fleuriste, où elle achète des roses rouges et des chrysanthèmes bleus. A l’épicerie, elle troc ses champignons contre une petite citrouille à la belle teinte orangée.

Satisfaite de ces acquisitions, elle se dirige vers la forêt. Cette dernière lui souffle au visage.

- Oui, oui, attends un peu…

Cassandre s’installe alors, s’assoit sur la mousse et sort la théière, bec vers les arbres.


Sorcière :

A l’aide de sa serpe, la sorcière étête la citrouille, la débarrassant de sa tige. Elle creuse la chair orange, en retire les pépins avant de réaliser son erreur. La citrouille ainsi coupée ne pourra contenir qu’une seule couleur. Cassandre grommelle et croise les bras, pensive. Elle hésite quelques minutes puis tranche la courge en deux pour former deux petits contenants. C’est loin d’être parfait, mais tant pis. Elle a juste besoin de tracer quelques arabesques sur la théière.

Elle prend les roses rouges, retires les pétales un à un et les jette dans une moitié de citrouille. Elle les écrase et les mélange à la pulpe du légume, créant une pâte rouge. La sorcière fait de même avec les pétales des chrysanthèmes.

Ses deux peintures préparées, elle sort le livre de la bibliothèque de son sac et l’installe sur ses genoux. Chat miaule, le poil hérissé.

Cassandre plonge les mains dans les peintures, ferme les yeux et récite une incantation. Ses mots semblent danser dans les airs, au-dessus des mixtures malaxées par les doigts de la jeune femme. Les couleurs se mélangent, s’enroulent, viennent presque à la vie.

Du bout des doigts toujours, elle continue son incantation tout en traçant les arabesques sur la porcelaine blanche. Elle termine par le bec, en l’évitant du regard.

Le vent venant de la forêt se fait plus doux, plus chaud, presque accueillant. Cassandre suit des yeux quelques feuilles qui tombent devant elle. Ses lèvres s’étirent en un sourire.


Plaid/Couverture :

La jeune femme essuie ses doigts sur sa robe grise, range les demi-citrouilles dans son sac, au cas où, ainsi que la théière. Elle souffle, nerveuse, se relève et s’étire.

- Allons-y, déclare-t-elle en s’approchant des arbres.

Dans son sac, la théière siffle. Plus la sorcière s’avance dans les bois, plus le bec de la porcelaine crache une fumée rouge. Cassandre triture son écharpe, nerveuse.

Chat chasse un écureuil, un peu plus loin devant l’humaine. Les deux amis s’enfoncent dans la forêt, jusqu’à la clairière. Enfin !

Cassandre accélère jusqu’au cœur du lieu dont le sol dort sous une couverture de feuilles dorées. Chat s’y roule, ravi de retrouver la forêt et la pleine nature.

Cassandre se met à genoux, au centre de la petite clairière. La fumée rouge s’épaissit. La sorcière lance une nouvelle incantation, tout en reposant la théière à sa place.

La gueule de la porcelaine cesse de cracher sa fumée. Tout tourne autour de Cassandre. Elle se redresse et reconnaît cette clairière dans laquelle elle est venue quelques nuits plus tôt. Mais… Quelque chose manque…

- Chat.. ?


Labyrinthe :

Le félin a disparu. Il n’est pas sous les feuilles, ni dans un arbre. La jeune femme sent sa poitrine se désagréger pour laisser la place à un trou. L’animal qui s’est installé sans être invité dans son aventure lui manque déjà. Cassandre passe une main sur sa nuque, la gorge si serrée qu’elle est douloureuse.

Elle traine le pas hors de la clairière et reprend le chemin de sa maison. La jeune femme reconnaît sans peine le labyrinthe que forment les arbres jusqu’à chez elle. Le vent soulève les feuilles, créant une pluie d’or tout autour d’elle.

Cassandre balaie les alentours du regard. De temps à autre, sa voix s’élève, appelant le chat, une pointe d’espoir dans son ton. Elle réalise que l’animal ne reviendra pas, au moment où elle pousse le portail de son domaine. Quelques larmes douloureuses roulent sur ses joues. Ses doigts les écrasent. Elle secoue la tête et s’avance vers la porte pour s’engouffrer dans son foyer qui lui a tant manqué.


Nuit :

Les heures ont passé depuis que la jeune femme a fermé la porte derrière elle. Elle a pu prendre une douche brûlante et se réfugier dans un vêtement de nuit bien épais.

Elle est enroulée dans une couverture, dans son fauteuil, une tasse fumante de chocolat chaud à la main. Elle a bel et bien l’intention de faire une pause sur le thé.

Son front est collé à la vitre, son regard s’est perdu au loin, dans le ciel noir serti d’étoiles.

Elle est épuisée. Son corps entier est courbaturé. Cassandre a toujours ce trou dans la poitrine. Sa mère est repartie, son ami félin a disparu, sa tante est quelque part en mer. Elle est habituée à être seule, mais après une telle aventure, elle aurait aimé partager un coin de feu ou de plaid. Les arbres ébouriffés dessinent des formes menaçantes avec leurs branches nues. La nuit est noire, inquiétante. Mais Cassandre n’a pas peur. Elle termine sa tasse de chocolat, étire ses bras engourdis et se relève. Il est temps d’aller dormir un peu pour récupérer. La jeune femme espère que les étoiles prendront le temps d’atténuer sa peine.


Pull :

Le lendemain matin, Cassandre est dans sa cuisine et se prépare un chocolat chaud avec un peu de caramel. Elle se sent bien moins triste, mais toujours aussi seule. La jeune femme pose à peine sa casserole dans son évier qu’elle entend frapper à la porte. Son plaid sur les épaules, elle va ouvrir. Son cœur bat vivement, ses doigts tremblent. Elle attrape sa serpe au passage, juste au cas où.

La sorcière ouvre la porte et découvre Kat, l’aubergiste du village voisin. Cassandre cligne des yeux, surprise. La nouvelle venue arbore un sourire large. Une lueur familière brille dans ses yeux.

Les deux jeunes femmes s’installent autour de la table basse du salon de Cassandre, deux tasses de chocolat devant elles. La sorcière tire sur les manches de ton pull à grosses mailles.

- C’était une sacrée histoire, hein ? demande Kat, avec un sourire malicieux.

Devant l’air perplexe de Cassandre, l’aubergiste éclate de rire. Sa joie ressemble à un ronronnement bienheureux. Cassandre plisse les yeux.

- Tu.. ?

Avant même la fin de la question, Kat émet un miaulement. Cassandre, les yeux écarquillés, s'exclame:

- Chat !


Renard :

Les deux jeunes femmes passent toute la journée à dialoguer à propos de leur aventure commune. L’air est empli d’un parfum sucré et embaumant. Dehors, les feuilles brunies par l’automne créent un paysage doré et sombre mais réconfortant. Dans le jardin de Cassandre, un jeune renard aux poils roux trottine derrière un vieil hérisson fatigué. Le petit animal roux s’arrête face à la porte, pointe ses oreilles dans cette direction puis continue sa route en bondissant vers les arbres.

Le soir venu, Cassandre s’est installée dans son fauteuil préféré, face à Kat qui découvre les livres de l’immense bibliothèque, avec intérêt et curiosité.

Cassandre a la tête au fond du dossier de son fauteuil. La sérénité a chassé sa tristesse et sa solitude. Quel bonheur de ne plus être seule. Elle ramène bien son plaid sur ses genoux, étire ses bras et vient frotter un peu sa nuque.

Un courant d’air glacé traverse la pièce. Kat frissonne et secoue les épaules. Elle lance, avec un sourire en coin.

- Ca me rappelle quelque chose, tient…

Cassandre glisse le bout de ses doigts sur la couverture du livre le plus proche.

- C’est Amaryllis.


Fantôme :

Cassandre se déplie hors de son fauteuil et repose le plaid sur l’accoudoir. Kat tourne sur elle-même, cherchant des yeux la dénommée Amaryllis.

- Elle adore la bibliothèque.

- Tout le contraire de ceux de l’auberge. Ils aiment embêter les visiteurs.

- Ils m’ont laissée tranquille.

- Ah mais, ils n’ennuient que ceux qui n’ont pas de magie.

Cassandre hausse un sourcil amusé. Le fantôme de la jeune femme, imperceptible, fait doucement vaciller la petite flamme d’une bougie.

- Elle est assez timide, mais elle ne fera de mal à personne. Elle adore qu’on lui lise des histoires.

Sans plus attendre, Kat saisi un livre, s’installe en tailleur sur le sol et commence sa lecture. Elle bute sur les mots, n’a pas un débit de voix très régulier ni assuré. Mais la sorcière sent qu’elle y met beaucoup du sien. La petite flamme s’agite et s’éteint.

- Elle a beaucoup aimé.


Halloween :

Kat et Cassandre passent la nuit ensemble, ensevelies sous des tonnes de couvertures et entourées de bougies éteintes ou complètement fondues. Kat a sa forme féline et sphérique, lovée dans le creux du ventre de Cassandre.

Cette dernière ouvre difficilement les yeux. Elle baille longuement puis se coule hors du lit. Elle se glisse dans ses chaussons et file vers la cuisine pour préparer deux chocolats chauds.

Le chat ambré la rejoint et bondit sur la table avant de s’étirer de tout son long. Elle reprend forme humaine et s’assoit en tailleur.

- Il ne fait pas chaud chez toi.

- Je sais… Un chocolat te réchauffera.

Elle lui tend un mug chaud puis s’installe sur une chaise.

- Tu restes encore un peu, n’est-ce pas ?

- Si tu veux bien de moi.

- La maison est assez grande pour nous deux.

- J’aime bien ce genre de réponse… On fait toujours Halloween ensemble ?

- Oui. Et bien plus… enfin, si tu veux, ajoute Cassandre en rougissant.

- Avec très grand plaisir.

L’aubergiste se penche vers la sorcière et lui vole un bref mais doux baiser.





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